Point de conjoncture sur les marchés financiers – Chronique du mardi 27 octobre 2020
Olivier :
Roman, quels sont les impacts de la crise sanitaire sur les investissements financiers ?
Roman :
L’activité économique patine en Europe, ce qui est moins le cas aux Etats-Unis ou dans les pays émergents notamment asiatiques.
Olivier :
Les pays émergents sont moins affectés ?
Roman :
En dehors du Brésil et plus globalement de l’Amérique Latine, les pays émergents notamment asiatiques sont effectivement moins impactés par la crise sanitaire, ce qui leur permet d’organiser davantage l’activité économique et donc redémarrer plus rapidement avec une reprise en V.
Et puis, la Chine bénéficie d’un plan de relance budgétaire et de dépenses en infrastructures qui ne fragilise pas son endettement.
Olivier :
Ce qui n’est pas le cas des pays européens ?
Roman :
La Zone Euro, elle, souffrait déjà d’un fort endettement, supérieur à 85% du produit intérieur brut.
Et la Zone Euro ne bénéficie de trop peu de champions dans la transition technologique qui s’accélère avec la crise sanitaire, à l’instar des puissances chinoises ou américaines.
Olivier :
Ce sont eux les grands gagnants du confinement ?
Roman :
En Chine, les conglomérats Alibaba, Tencent, Huawei, Xaiomi et aux Etats-Unis, Google, Amazon, Facebook Apple ou Netflix constituent les grands gagnants.
Ce sont donc les entreprises de divertissement, de transport et de digitalisation qui permettent à l’économie de s’adapter en attirant davantage de clients et attirent les investisseurs qui redéploient leurs capitaux sur ces activités.
Stéphane :
C’est d’ailleurs pour cette raison que le Nasdaq 100, a atteint un plus haut historique après la baisse du 1er trimestre et progresse de plus de 30% depuis le début de cette année.
Là où le CAC 40 est en négatif depuis le début de cette année à -17%.
Olivier :
Cela signifie quoi ? Est-ce que par exemple les investissements en actions peuvent encore s’apprécier ?
Roman :
À court terme, les élections américaines et les nouvelles mesures de confinement devraient créer des trous d’air.
Mais à moyen terme, le potentiel de hausse des marchés actions existe avec toujours une nécessité de diversification géographique.
Stéphane :
C’est quoi les facteurs de soutien des marchés actions alors ?
Roman :
Ce sont les Banques Centrales qui injectent des liquidités en achetant des obligations.
C’est le cas par exemple de la Banque Centrale Européenne qui acquiert des obligations d’Etat français, allemand ou espagnol et qui contribue à avoir des taux d’intérêt bas mais aussi par un jeu de vase communicant à alimenter la hausse des marchés actions.
Olivier :
Mais il existe bien une contrepartie ?
Roman :
Les Etats s’endettent davantage mais le font auprès des Banques Centrales qui achètent massivement les obligations.
L’effet mécanique est la bascule d’un gisement obligataire en rendement négatif. Ce qui veut dire que l’investisseur paie pour détenir de la dette.
Aujourd’hui 29% des obligations d’entreprises qui ont de bonnes notes sont en rendement négatif, ce qui a un impact conséquent sur les fonds en Euro qui voient leur rendement fragilisé.